Moustique 

Moustique

Espèce de moucheron très-commun dans les régions équinoxiales. C'est un mot que nous avons emprunté à la langue espagnole, en changeant de place ses deux dernières syllabes, et en lui donnant la terminaison de l'e muet, t i française. Les Espagnols disent mosquito. L'origine de ce mot est donnée par Isidore et Papias. C'est mustum ; moût de vin, selon Isidore, parce qu'on croyait que cet insecte naissait dans le moût. De musuun on a fait stio. Cette étymologie est absurde. La vraie et la bonne est le sanscrit l/Iaksika, forme que l'espagnol a à peine changée. Papias, qui avec plus de raison fait dérivermoustique de ?IIUStO, ajoute qu'on appelait aussi cet insecte bibio, apparemment parce qu'il boit la substance de laquelle il est né. Jean de Ianua le dit positivement: ([ Muscio comme mustio , observe-t-il, et aussi bibio, parce qu'il boit le moût. )}- Muscio ilicitur quasi mustio, quocl mustuui bibat, item et bibio. Il boit aussi notre sang; il fait l'essai de nos sauces, et il nous dirait, s'il pouvait parler, quel en est le goût. Il est cousin-germain du cousin, ou plu tût, c' est le cousin lui-même.

Quand il vole aulour de l'homme, c'est aux yeux qu'il paraît en vouloir; on en éprouve comme de légers vertiges. S'il parvient à y pénétrer, la douleur qu'il cause et l'impossibilité où l'on est de le déloger nous donnent des

Source : Charles Nisard, Curiosités de l'étymologie française avec quelques explications de quelques proverbes et dictons populaires, Paris, Librairie L. Hachette et Cie, 1863, p. 322-323.

Espèce de moucheron très-commun dans les régions équinoxales. C'est un mot que nous avons emprunté à la langue espagnole, en changeant de place ses deux dernières syllabes, et en lui donnant la terminaison de l'e muet, à la française. Les Espagnols disent mosquito. L'origine de ce mot est donnée par Isidore et Papias. C'est mustum, moût de vin, selon Isidore, parce qu'on croyait que cet insecte naissait dans le moot. De mustum on a fait mustio. Cette étymologie est absurde. La vraie et la bonne est le sanscrit maksika, forme que l'espagnol a à peine changée. Papias, qui avec plus de raison fait dériver moustique de muscs, ajoute qu'on appelait aussi cet insecte bibio, apparemment parce qu'il boit la substance de laquelle il est né. Jean de Janua le dit positivement: « Muscio comme mustio, observe-t-il, et aussi bibio, parce qu'il boit le moOt. ,,- Muscio dicitur quasi mustio, quod mustum bibat, item et bibio. Il boit aussi notre sang; il fait l'essai de nos sauces, et il nous dirait, s'il pouvait parler, quel en est le goOt. Il est cousin-germain du cousin, ou plutôt, c'est le cousin lui-même.

[...] Pierre de Blois, dans son vingt-troisième sermon, en parle ainsi métaphoriquement :

Chacun de nous sait par expérience quelles boissons empoisonnés l'ancien serpent verse dans l'alvéole de notre esprit, quelle diverses et vaines images il fait apparaître dans la chambres de notre cœur. Ces images, comme de tout petits bibons, volent aux yeux de l'esprit même; bien plus, elles poursuivent les ministres du Seigneur jusqu'à l'autel du Dieu des vertus, afin qu'ils chassent ou n'aient plus que confusément le souvenir de Jésus crucifié.

Un bibet, en normand, selon Cotgrave, est un moucheron; un bibiss, en wallon, est un pou. Mais les deux font la paire. L'un et l'autre sant munis de pompes aspirantes qui ont le même objet, la succion du sang humain, et s'ils diffèrent de nom, ils méritent du moins et ont reçu le même sobriquet.

Source : ?, ?, Curiosités de l'étymologie française, p. 322-323.

Emprunté à l'espagnol, le mot s'est offert un déplacement de syllabe, une inversion de consonne avant de se montrer satisfait de sa tenue.

Le mot espagnol plaçait le « f » vers la fin du mot et le « q » au milieu, cela donnait mosquito, le petit-fils de la mouche mosca.

En 1611, on le trouve en français sous la forme mousquite, la ligne générale est respectée.

Par contre en 1654, dans un récit de voyage au Brésil, le mot est repris et devient moustique.

Q et t sont interchangés. La sonorité est en cause mais peut-être aussi le rapprochement avec le mot tique qui se trouve être un insecte.

Certaines régions du Sud-Ouest de la France ont conservé un mot mousquit désignant le moucheron et dessiné comme le mosquito espagnol; mais cet usage reste peu répandu et tend à disparaître. Par contre le mousquet et le mousquetaire, autres descendants de mosca ont eu une large diffusion.

L'italien moschetto désignait la flèche lancée par une arbalète et dontla vitesse était comparable à celle de l'insecte. Le mot est passé de l'arbalète à l'arme à feu et aux troupes du roi armées de mousquets. Les deux ont ainsi pu se développer; mousquets et moustiques ont eu leur clientèle, les uns partisans du t devant, les autres du t derrière.

Source : Daniel Brandy, Motamorphoses. L'histoire des mots, Paris, Casterman, 1986, p. 152-153.



 

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